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La tradition des Cap-Horniers

Le bateau en bouteille est l’enfant de la marine de commerce.

Il aura fallu le début du XIXe siècle pour que les bouteilles soient faites enfin en verre blanc. Ce changement donnera l’idée aux marins désœuvrés pendant les longues navigations au portant de convertir ce "récipient" en cette vitrine si particulière.

Si l’on ne peut situer avec exactitude l’apparition des bateaux en bouteilles, leur floraison coïncide avec le développement des longs-courriers. Ces voiliers, capables de longs voyages aller-retour vers les Indes via le cap de Bonne espérance ou vers le Pacifique par le Cap-Horn, offrent plus de temps libre à leur équipage. Plus de confort aussi pour exercer une activité ludique pendant les périodes de repos. Ces hommes qui avaient l’autorisation d’embarquer un coffre de mer à cadenas pouvaient y enfermer leurs effets personnels et protéger leur mini-chantier. Chacun d’eux avait un espace personnel avec un lit qu’il aménageait à leur guise.

C’est toute la différence d’avec les marins de la "Royale" qui n’ont pas produit ou très peu. Ces marins d’État n’avaient droit qu’à un hamac replié le jour et placé au bastingage. Leurs affaires personnelles étaient rangées dans un sac de toile,placé dans une cale où ils ne pouvaient aller qu’à certaines heures de la journée. Ils se contentaient donc de réaliser des travaux assez solides pour être mis dans une poche ou suffisamment souple comme des travaux sur les cordages. Il en va de même pour les marins pêcheurs vivant dans des conditions plus que difficiles dans le gaillard d’avant.

L’âge d’or des bateaux en bouteilles va de 1840 à 1920. Ce sont plus particulièrement les marins d’Europe occidentale (Allemagne, Angleterre et France) qui ont créé cette activité et sophistiqué les méthodes de réalisation de ces maquettes qui sont devenues l’un des symboles de leur profession.

Mais la Première Guerre mondiale va brasser les nations et briser la transmission d’un savoir artisanal en tuant d’un seul coup des millions d’hommes dans les tranchées et sur les mers. Les mentalités changent à bord des navires après la guerre. Celle-ci apporte des perfectionnements dans le mode de propulsion des navires. La vapeur raccourcit la durée des voyages et c’est la fin de la voile. Seuls des marins à la retraite continuent la tradition, à quai, pour un public de touristes. La Seconde Guerre mondiale achève de faire disparaître ce savoir faire.

Depuis quelques années des passionnés français ont redécouvert cette technique. Ils renouent avec cette tradition maritime et remettent en bouteilles des bateaux. C’est aujourd’hui tous les corps de métier qui ont rejoint les marins et les gardiens de phare. Découvrez l’association ABB et perpétuez, avec elle, la tradition des Cap-Horniers dans l’art de mettre des bateaux en bouteille.

British Columbia Archives : dessin de Sarah Crease, 30 novembre 1859.